Maxime Livio : « Prince nous a fait vivre des choses incroyables »

Vendredi soir, sur la piste du cross indoor de Bordeaux, Boleybawn Prince, ISH (Colin Diamond, ISH) a, à vingt ans, fait ses adieux à la compétition. Maxime Livio, avec qui il a enchaîné les victoires sur ce type d’épreuves, revient sur la carrière de cet incroyable bai, qui va désormais profiter d’une retraite sous les palmiers thaïlandais.

Avec cette sixième place dans le cross indoor de Bordeaux, une page se tourne pour Boleybawn Prince ce soir…

Cela fait dix ans que Prince partage ma vie et celle de mon entourage. Il nous a fait vivre des choses incroyables. C’était sur ses épaules que reposait par exemple la qualification de l’équipe de Thaïlande aux Jeux Olympiques de Tokyo. Et lors de de cet ultime parcours qualificatif, il a tout donné, a sauté vingt centimètres au-dessus de chaque obstacle. Il sait lorsque des choses importantes se jouent. Et ce soir, comme d’habitude, il a été parfait. C’est un cheval qui a su conquérir le cœur de tout le monde. À ses cavaliers, il a toujours donné le meilleur de lui-même, toujours plus que ce que l’on pouvait espérer. Aux grooms, il a donné tout son amour et toute son attention. C’est vraiment un cheval incroyable. Je pense qu’on n’en croise pas deux comme lui dans une carrière.

L’heure d’une retraite bien méritée est donc venue…

Je pense que cela va être difficile pour lui de ne plus retourner en compétition tant il aime ça. Mais nous avons trouvé de quoi lui offrir la retraite qu’il mérite : il va la passer en Thaïlande, chez sa propriétaire qui vient de construire ses propres écuries et lui a réservé un pré magnifique avec des palmiers. Je pense que c’est le seul moyen de le sortir du système d’entraînement dans lequel il est et qu’il aime tant car, à la maison, il aurait continué à voir le camion partir en compétition sans lui et l’aurait peut-être mal vécu. Il a vingt ans mais est toujours dans une forme incroyable, il est bien dans son corps et dans sa tête, et voudrait continuer à aller en concours. Mais je pense qu’il faut savoir arrêter nos chevaux au bon moment, même s’ils sont encore très en forme. Il va donc encore passer quelques semaines avec nous, puis va aller couler des jours heureux en Thaïlande.

Quels ont été, selon vous, les moments marquants de la carrière de Prince ?

De ses huit à ses vingt ans, il a déroulé un parcours sans faute. Il a d’abord été sous couleurs allemandes, puis thaïlandaises. Il a fait deux fois les Jeux asiatiques et en est revenu médaillé, les Jeux Olympiques, et puis, lorsque nous avons voulu ralentir un peu le rythme en complet, ont commencé à se développer les cross indoors. Il s’est montré tout simplement parfait pour ce type d’épreuves et cela lui permettait de vivre encore les émotions du grand sport, avec des ambiances de folie, mais en étant un peu moins sollicité. J’aurais adoré qu’il devienne le premier cheval de l’Histoire à remporter tous les cross indoors mais nous n’avons jamais réussi à gagner celui de Bordeaux. Mais je n’ai absolument aucun regret. Nous faisons aussi du sport pour vivre et partager des émotions avec nos chevaux et les gens qui nous entourent. Bien sûr, quand on a un cheval comme Prince, on a toujours envie de gagner, mais ce qui est vraiment important, c’est tout ce que nous avons vécu et de lui permettre de finir sa carrière en pleine forme.