Philippe Mechin : « Comme avec le champagne, de la qualité, du rare »
Installé à quinze kilomètres de Reims, à Pévy, Philippe Mechin élève pour son plaisir au sein d’un haras dont il a fait l’acquisition il y a plusieurs années. Cadre commercial au sein de la société Champagne Charles de Cazanove, il se décrit comme un passionné de génétique et préfère la qualité à la quantité.
Combien de poulains faites-vous naître chaque année ?
Je fais naître environ deux à trois poulains par an. Je me vois comme un pur éleveur amateur et cela doit rester un plaisir, ainsi qu’une activité gérable.
Sur quelles souches maternelles s’appuie votre élevage ?
J’ai deux très bonnes juments, mais qui se consacrent pour l’heure au sport. Il s’agit de Carlotta de Champloué (Emilion, KWPN), une fille de Toscane de Champloué (Diamant de Semilly), que j’avais acheté à Jean-Marie Charlot alors qu’elle était foal. Carlotta est la sœur d’Empoli de Champloué (Arko, Old), de Hurricane de Champloué (Cornet Obolensky, Bwp) et d’Italia de Champloué (Casall, Holst), récente vice-championne de France des juments de quatre ans. La seconde est Geisha des Lys (Diamant de Semilly), née à la maison, d’où le port de mon affixe “des Lys”. C’est une petite-fille de Quarmen de Toscane (Quidam de Revel), la sœur utérine de Jadis et Rahotep de Toscane. Pour l’instant, ces deux juments se consacrent au sport et je ne souhaite pas faire de transfert d’embryons en parallèle car j’ai remarqué que cela les perturbe. C’est lorsque j’ai procédé à des transferts d’embryons que les juments ont réalisé leurs plus mauvaises saisons de sport. Alors, je préfère attendre désormais : la reproduction vient après le sport. De la même manière, je suis tout à fait contre l’ICSI : j’ai eu deux poulains par le biais de cette méthode. J’ai été contraint d’euthanasier le premier et le second était très chétif. Il n’y a pas encore d’études, mais le ressenti autour de moi, quand j’en parle, n’est pas très bon. Outre ces deux juments, je peux compter, pour l’élevage, sur Chelsea Deforcelles Z (Cicero Z x Parco, Bwp), une quatre ans issue de la souche belge Waterschoot, ainsi que sur Naika Deforcelles (Casall, Holst), dont la troisième mère est Ratina Kervec (Diamant de Semilly), qui a tourné en Grands Prix 1,60 mètre. Ratina est la fille de Ba Belle van’t Roosakker (Kannan, KWPN) et la petite-fille de La Belle van Sombeke (Goliath Z, Rhein), une souche très intéressante donc !
« J’aime bien utiliser des chevaux que j’ai pu voir en concours, c’est pour cela que je me déplace beaucoup »
Avez-vous fait vos choix d’étalons pour cette année ?
Je laisse donc Carlotta et Geisha au sport. Pour Chelsea et Naika, j’ai choisi Eldorado van de Zeshoek, Bwp, ainsi qu’Ermitage Kalone. Je vais donc faire deux transferts pour chacune d’entre elles. Eldorado est reconnu sur descendance, il amènera de la taille et de l’os à mes juments. Il a encore assez peu produit en France, pourtant c’est un étalon qui a fait ses preuves et dont la qualité de production est connue. Quant à Ermitage, je l’ai vu sauter et j’ai beaucoup apprécié son modèle, sa force et sa façon de faire. Je pense qu’il apportera également de la taille, de l’os, et aussi de l’amplitude et de la galopade. J’aime bien son pedigree également.
Que recherchez-vous dans vos croisements ? Quels atouts attendez-vous d’un étalon ?
Je fais comme avec le champagne : de la qualité, du rare ! J’ai utilisé Galoubet il y a encore assez peu de temps, ou Cicero Z, des étalons reconnus et qui sont parfois peu plébiscités. J’aime bien utiliser des chevaux que j’ai pu voir en concours, c’est pour cela que je me déplace beaucoup. Dans le cadre de mon activité professionnelle, j’ai la chance d’allier travail et passion, puisque le champagne Charles de Cazanove est partenaire de plusieurs beaux événements sportifs. Les compétiteurs actuels doivent avoir du sang et de la réactivité. La longévité est également très importante, car on demande beaucoup aux chevaux. Il leur faut une bonne santé. Je cherche à produire pour le haut niveau, avec beaucoup de qualité. Je travaille avec Stéphane Dufour, cavalier professionnel, qui est d’excellents conseils sur les chevaux qu’il valorise. Je n’ai pas forcément de méthode pour commercialiser mes chevaux : j’essaie de vendre plus rapidement les mâles et de mettre au travail les femelles. Mais, souvent, je vends quand il y a un chèque sur la table !
Crédit photo : Coll.