Pierre Barki : “Ces dernières années, plusieurs choses ont fait bouger les lignes dans notre discipline”
Les 27 et 28 janvier prochains, Saumur accueillera, comme depuis quinze ans, les Journées du complet. Un événement dédié au partage de connaissances, aux échanges sur les multiples thématiques relatives au concours complet (mais pas que !), sous-tendu par la volonté de toujours faire évoluer la discipline et de lier ses acteurs. Pierre Barki, président de l’association France Complet à l’origine de l’organisation de ce rendez-vous devenu un incontournable, revient sur l’histoire ainsi que les ambitions des Journées du complet, et présente le programme de l’édition 2024.
La première édition des Journées du complet a eu lieu il y a quinze ans. Quelle était l’idée derrière la création d’un tel rendez-vous ?
Avec les Journées du complet, nous voulions avant tout créer un rendez-vous basé sur l’échange et le partage, qui réunisse tous les passionnés de la discipline, qu’ils soient éleveurs, propriétaires, coachs, cavaliers amateurs ou professionnels, bénévoles, vétérinaires, ostéopathes, maréchaux-ferrants, etc. L’idée était également de créer une certaine unité car, soyons clairs, il n’y a aujourd’hui pas de filière qui fonctionne sans une certaine unité de ses membres. Tous les acteurs doivent travailler ensemble, main dans la main. Sans cela, rien ne peut réellement fonctionner. Pour moi, il est inenvisageable que tous les acteurs de la discipline, quels qu’ils soient, ne soient pas en contact et en échange permanent. Tout le monde a tout intérêt à travailler ensemble et, pour cela, la communication est essentielle. C’est pour cela que nous avons créé les Journées du complet et d’autres événements : pour mettre en relation les acteurs de la filière, qu’ils puissent échanger et créer un cercle vertueux autour de la discipline.
Saumur, grâce aux Journées du complet et à l’association France Complet, a été le premier terrain français à accueillir un cross indoor. Quand a-t-il intégré le programme de l’événement et quelles ont, lors des premières éditions, été les réactions des cavaliers et du public ?
En quinze ans, l’édition des Journées du complet qui m’a le plus marqué est peut-être celle où a eu lieu le cross indoor pour la toute première fois. Cela existait à l’étranger mais ne se faisait pas du tout en France avant que nous décidions de le lancer. Puis il y a eu Bordeaux, Rouen, etc. Ce n’est pas du concours complet mais ce type d’épreuve est une belle vitrine pour la discipline et une bonne préparation hivernale pour les chevaux. Néanmoins, je pense qu’il faut rester vigilants à ce sujet car c’est un tout autre sport et les chevaux ne sont pas toujours habitués à sauter dans ces conditions, tous ne peuvent pas le faire. Pour autant, les cavaliers ont répondu présents dès la première édition, c’était super. Et depuis, le cross indoor de Saumur a connu un succès croissant, tant auprès des cavaliers que du public. D’ailleurs, de ce fait, nous sommes en train de réfléchir à créer un circuit cross indoor, soit français soit européen, avec un challenge sur les trois étapes tricolores (Saumur, Bordeaux et Rouen, ndlr). Il faut réfléchir à l’organisation, aux gains, etc. mais nous pensons que ce serait une bonne idée.
Chaque année, les Journées du complet sont également l’occasion de récompenser certains acteurs de la discipline…
Oui, comme tous les ans, nous remettrons cette année les Trophées du complet à un éleveur, un cavalier, un groom et une personnalité emblématique de la discipline qui ont marqué 2023, ainsi qu’aux meilleurs concours et espoirs internationaux, nationaux et régionaux de l’année. L’idée est, une fois de plus, de récompenser et soutenir ceux qui font vivre la discipline. La remise des prix aura lieu dans le grand manège, à l’issue du cross indoor.
Cette année, la thématique des Journées du complet est “Un nouvel élan pour le complet”. Pourquoi ce choix ?
L’élan dont nous parlons est celui donné par les Jeux Olympiques, ainsi que par la prise de conscience progressive au sujet du bien-être animal et du rapport cavalier/cheval. Ces dernières années, plusieurs choses ont fait bouger les lignes dans notre discipline. Il est plus que jamais nécessaire d’en parler et d’échanger sur ces sujets, afin de voir quel futur est envisageable.
Le programme, quant à lui, est surtout centré autour de plusieurs cliniques, ce qui n’était pas du tout à fait le cas lors des éditions précédentes…
Il y a deux raisons à cela. La première est que nous essayons de trouver un nouveau format à cet événement, qui soit plus attrayant pour les participants. Nous avons donc notamment privilégié un format sur une journée et demi plutôt que deux complètes. Pour les gens qui venaient de loin, ce n’était pas vraiment l’idéal. Et puis, cela laissait peu de temps pour réellement échanger avec les autres, se rencontrer, etc., alors que l’essence même de ce rendez-vous, ce sont le partage et les échanges. L’autre raison, c’est que, tout de même, Julia Krajewski nous fait l’immense honneur d’être présente pendant deux jours, alors nous souhaitions qu’elle puisse transmettre au maximum ses connaissances aux participants.
L’événement phare de cette édition est en effet la venue de la championne olympique Julia Krajewski…
C’est une très grande chance pour nous ainsi que pour tous les participants de pouvoir bénéficier des conseils de Julia. Elle interviendra aux côtés de Maxime Livio, Franck Messialle et Guillaume Lundy. L’idée, c’est qu’il y ait de véritables échanges entre eux, que chacun présente sa vision des choses, rebondisse, etc. C’est aussi de montrer que les cavaliers, même s’ils ne sont pas spécialisés dans la même discipline, ont tous des choses à transmettre sur un même sujet. Cette année, par exemple, Guillaume Lundy interviendra avec Julia sur une même thématique, celle du dressage. Certes, ils ne montent pas le même type de chevaux, mais ils ont un savoir-faire qui, s’il n’est pas le même, est complémentaire. L’objectif sera, avec eux ainsi qu’avec les autres, de revenir sur les fondamentaux. Sur le manège de Saumur, il est écrit “Calme, en avant et droit”, et ce n’est pas pour rien. D’ailleurs, c’est ce qui m’a toujours plu chez Julia et une des raisons pour lesquelles je suis très heureux qu’elle ait accepté de venir aux Journées du complet : elle se concentre sur les choses simples mais fondamentales, jambe intérieure rêne extérieure, prend le temps qu’il faut pour les expliquer, toujours avec pédagogie et bienveillance. Malheureusement, aujourd’hui, les bases sont parfois négligées et il est donc très important de rappeler qu’elles sont essentielles.
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