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L’Expertise

Poulain de zéro à six mois – Partie 2

Béatrice Fletcher 16 juillet 2023

Comme tous les nouveaux nés, le poulain requiert une attention particulière dans les premiers jours et semaines de sa vie. Si l’alimentation de sa mère est déterminante, le suivi du vétérinaire et du maréchal ferrant sont indispensables.

Le poulain, qui atteint 45% de son poids adulte au sevrage alors qu’il en pesait environ 10% à la naissance, se développe essentiellement grâce au lait de sa mère. Celle-ci produit en moyenne 2 à 3,5 kilogrammes de lait pour 100 kilogrammes de poids vif par jour, avec un pic de production entre le deuxième et troisième mois, tandis que 6 à 7 mois après avoir donné naissance, elle produit encore chaque jour 2 kilogrammes de lait par 100 kilogrammes de poids vif. Il est donc essentiel de veiller à ses besoins d’entretien, de lactation et de gestation dans le cas où elle est à nouveau fécondée après la mise bas. 

La production d’un kilogramme de lait nécessite en moyenne 0,30 UFC (Unité Fourragère Cheval), tandis que ses besoins journaliers d’entretien, estimés à 4,1 UFC, doublent en période de lactation, soit 8,5 UFC. La jument allaitante a des besoins spécifiques en matières azotées, protéines, calcium et phosphore, qui augmentent durant cette période, mais aussi en vitamines (notamment A, D3 et E) ainsi qu’en minéraux et oligo-éléments. Lors des 3 premiers mois de lactation, un déficit nutritionnel serait particulièrement préjudiciable à la croissance du poulain et aux capacités de reproduction de la jument. La ration de base est constituée d’un fourrage de haute valeur nutritive, et peut, selon la saison et la qualité de ce dernier, être complémentée par un aliment concentré sous forme de céréales, de luzerne, ou par un aliment complémentaire du commerce spécifique. La pierre à sel ou le bloc à lécher composé de minéraux et oligo-éléments sont des compléments vivement conseillés.

Sérums, vaccins, vermifuges

Les chevaux étant très sensibles au tétanos, il est vivement recommandé d’administrer rapidement au jeune poulain une injection sous cutanée de sérum antitétanique, en raison de sa plaie au nombril en cours de cicatrisation, ainsi qu’un sérum trivalent contre diverses maladies néonatales (septicémie, diarrhées, rhodococcose). Cette injection, qui le protège pendant 3 semaines, est à répéter à l’occasion de chaque blessure jusqu’à sa primo-vaccination grippe-tétanos à partir de 2 mois (si sa mère n’est pas vaccinée), complétée par un vaccin contre la rhinopneumonie à partir de 4 mois. Si le jeune poulain est épargné par les parasites intestinaux à la naissance, il y reste néanmoins exposé dès ses premiers jours, car son immunité ne se construit progressivement qu’au fil des mois. Les ascaris, puis les petits strongles, constituent les principales cibles de la vermifugation du poulain entre 2 et 6 mois, âge auquel l’analyse coproscopique permet d’évaluer son infestation et de choisir les molécules les plus adaptées en accord avec le vétérinaire. Le nettoyage et la désinfection des boxes, le ramassage des crottins dans ces derniers ainsi que dans les  paddocks, et la rotation des pâtures sont à l’évidence à inscrire au registre des mesures sanitaires.

Analyser et corriger les aplombs

La croissance des os longs après la naissance est générée par le cartilage de conjugaison, qui crée de la matrice osseuse entraînant une élongation de l’os. La croissance osseuse se fait de bas en haut, en débutant par les phalanges, de façon rapide et importante au cours de la première année. Il est donc essentiel de corriger d’éventuels défauts d’aplombs et déséquilibres de pressions sur les articulations dès le plus jeune âge, sous peine de les voir s’aggraver, alors qu’un entretien précoce effectué par un professionnel qualifié évite des corrections parfois plus lourdes, sans garantie de résultat. L’observation des aplombs s’effectue dès les premiers jours à l’arrêt et en mouvement, sur 3 plans : frontal, vertical et horizontal, de façon à détecter les défauts et déviations sur les membres et l’angulation des pieds. Ne pas négliger les interventions sur la poulinière, qui pourrait souffrir de carence alimentaire en cas de difficulté à se déplacer. En absence de défaut majeur d’aplomb, le maréchal peut intervenir pour parer les sabots à environ 8 semaines. Si, en revanche, un défaut est observé au niveau des pieds, il peut être appelé à intervenir plus tôt. Les défauts constatés au niveau du genou, du jarret et au-dessus, requièrent quant à eux l’intervention du vétérinaire. Certains défauts, tels que l’hyper-laxité tendineuse, dûs souvent à une mauvaise position fœtale, se corrigent la plupart du temps d’eux-mêmes. Sauf cas particulier, les premiers parages peuvent avoir lieu entre 4 et 6 semaines, les entretiens étant programmés toutes les 6 à 8 semaines selon les cas. En règle générale, il est conseillé de curer et graisser les pieds des chevaux régulièrement (huile de foie de morue pour les pieds secs ou au contraire de goudron de Norvège), ce qui permet de détecter d’éventuelles seimes ou fourmilières, et d’éviter les surcharges pondérales.

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