Poulains du coeur : quand la filière la joue solidaire

Depuis 2008, les Poulains du Cœur, l’association créée par le Nordiste Vincent Desmarez, met à contribution les acteurs de l’élevage au profit de différentes associations caritatives. Chaque année, des dizaines milliers d’euros sont récoltés grâce aux éleveurs et aux étalonniers, qui offrent des cartes de saillie et poulains. En 2023, une nouvelle fois, Saint-Lô Cheval Organisation et le Jumping international de Saint-Lô s’associent à l’opération. 

Grâce au soutien et à la générosité des éleveurs, une quinzaine de saillies sont mises aux enchères chaque année au cours d’un événement majeur. L’année 2022 a été historique puisque plus de 50 000 euros avaient été récoltés au profit de l’association Les Roses en Baie pendant le Jumping, un record. Cette année encore, le Jumping international de Saint-Lô accueille l’opération, dont les bénéfices seront reversés au centre d’équithérapie implanté au sein du site hospitalier La Musse (27), qui permet une prise en charge thérapeutique des patients, complémentaire aux soins médicaux. Seize saillies seront mises en vente : huit seront mises en vente en ligne, sur www.nash.auction, pendant la durée du concours. La clôture des enchères aura lieu le samedi en début de soirée. Huit saillies seront mises en vente en physique, dimanche vers 14h30, avant le Grand Prix du CSI 4*. 

L’histoire de Yannick Courdent, l’envie de Vincent Desmarez

Lorsque Vincent Desmarez nous décrit la genèse de son association, il commence par un « c’est assez simple ». Mais, très vite, celui qui est, avec sa famille, à la tête du haras de l’Ermitage dans le Nord, ponctue son récit d’anecdotes et d’histoires, qui indiquent que les Poulains du Cœur ont demandé du temps et de l’investissement au fil des années. Mais reprenons là où Vincent Desmarez situe le point de départ… « En 2007, Yannick Courdent, l’un de mes voisins installé à Fleurbaix, au sein des écuries de l’Alloeu, m’a convié à une réunion dans son club house », se remémore le président de l’association. « L’une de ses filles est atteinte d’autisme et cette soirée était particulièrement émouvante, car elle regroupait des parents venus témoigner de leur situation et de celle de leurs enfants. En repartant, j’avais envie de faire quelque chose pour eux. J’ai pensé à un don, mais je souhaitais aller plus loin, mettre ma profession et mes contacts dans la filière au profit de cette cause. » L’association Les Poulains du Cœur n’est pas encore née, mais la volonté de son créateur est là. 

Une première en 2008 à Ronchin

L’année suivante, c’est au Salon des étalons de Ronchin (59) que la première action se concrétise. « Nous avons vendu quelques saillies d’étalons au profit de l’association Pas à Pas, qui vient en aide aux enfants autistes et promeut la méthode ABA, une méthode d’apprentissage pour les personnes autistes qui s’appuie sur les sciences du comportement. » Parmi les cartes de saillie vendues pour cette cause, celles de Norton d’Eole (Cento, Holst), offerte par la famille Dewulf, Quir Royal Linière (Royal Feu), offerte par Pascal Le Comte… « Je crois qu’il y avait aussi Marius Huchin qui avait participé à l’opération. Bref, beaucoup d’acteurs de l’élevage régional avaient joué le jeu et nous avions récolté pas moins de 7000 euros cette première année. On est parfois un peu déconnectés de la valeur de l’argent dans le monde du cheval, quand on voit les sommes qu’atteignent certaines transactions. Mais pour certaines associations, qui sont de petites entités, ces sommes représentent beaucoup, parfois jusqu’à un tiers de leur budget de fonctionnement annuel. » 

On est parfois un peu déconnectés de la valeur de l’argent dans le monde du cheval, quand on voit les sommes qu’atteignent certaines transactions.

Vincent Desmarez

L’année suivante, la dimension de l’association prend une ampleur nationale et Vincent Desmarez n’économise pas ses efforts pour solliciter les étalonniers. « Sans eux, je ne suis rien, je ne peux rien faire », précise-t-il. Et c’est à Poitiers, en 2009, que la deuxième levée de fonds des Poulains du Coeur se concrétise. « Le stud-book Selle Français organisait une vente avec Jacques Grandchamp des Raux, ancien cavalier de haut niveau et éleveur, et j’ai fait le voyage jusqu’à cet événement en compagnie de Victoire, une petite fille sortie de l’autisme grâce à la méthode ABA. » À Poitiers, Vincent Desmarez noue de nouveaux contacts, explique l’objectif de son association et reçoit le soutien du stud-book, alors présidé par Brice Elvezi, actuel directeur du Groupe France Elevage. Cette année-là, c’est une fois de plus l’association Pas à Pas à laquelle vient en aide Les Poulains du Coeur, avec une levée de fonds de 16 500 euros. « Je me suis ensuite posé la question de devenir bénévole pour cette association en particulier », se remémore Vincent Desmarez. « Mais il y a tellement d’associations auxquelles il est important de venir en aide. Je n’avais aucune prétention, aucun plan de carrière au départ de cette aventure. Je me suis vite rendu compte, cependant, que côtoyer ces personnes atteintes d’autisme, d’alzheimer ou d’autres problèmes, qui montrent souvent beaucoup de courage, m’apportait beaucoup. Cela permet de relativiser, de se dire qu’un parcours à quatre points, au fond, ce n’est pas très grave. »  

Des cartes de cracks étalons

L’année suivante, l’association remet le couvert, mais cette fois en faveur d’une autre association : celle de Jessica Newman, JustWorld, qui vient en aide aux enfants défavorisés et leur permet d’améliorer leurs conditions de vie. « C’est dans le cadre de ce partenariat que nous avons rencontré Kevin Staut, qui était un ambassadeur de cette association », poursuit Vincent Desmarez. « Il a alors accepté de devenir notre parrain et nous pouvons compter sur lui depuis cette date. » Si Kevin est l’un des visages des Poulains du Coeur, Vincent Desmarez ne ménage pas ses efforts, chaque année, et frappe à la porte des étalonniers. « Dans notre filière, il y a beaucoup de concurrence, car il y a des enjeux commerciaux et économiques importants. Mais, en prônant la cause du caritatif, ça rebat les cartes et ça éteint toutes les rivalités qui peuvent exister. » 

Le but de Vincent Desmarez, chaque année, est de lever le plus de fonds possible. Alors, il demande aux étalonniers des cartes qu’il sera sûr de bien vendre aux enchères. « Les étalons sur un créneau haut de gamme, Diamant de Semilly, Mylord Carthago, Vagabond de la Pomme, cartonnent lors des ventes », explique le président de l’association. « Parfois, certains étalonniers, pleins de bonne volonté, souhaitent m’offrir des cartes de jeunes étalons, peu connus. Je leur explique que l’idéal pour moi, et surtout pour les associations, est de bénéficier de cartes de cracks étalons ! Je ne suis absolument pas là pour juger de la valeur génétique d’un cheval, ce n’est pas mon rôle et certains que l’on me propose sont sans doute d’excellents reproducteurs. Mais la notoriété des confirmés fait que l’on part sur des levées de fonds bien plus significatives. » Les étalonniers l’ont bien compris et certains n’hésitent d’ailleurs plus à participer aux opérations des Poulains du Coeur, et ainsi à offrir une carte de leur meilleur reproducteur. Leur image n’est est que plus valorisée et pour Vincent Desmarez, c’est du pain béni. 

De nombreuses causes et de soutiens

Ainsi, au fil des années, les Poulains du Coeur ont soutenu de multiples associations : les Clowns de l’espoir, Just World, France Alzheimer, la Ligue contre le cancer… « Parfois, on tape à notre porte et on nous sollicite pour telle ou telle cause. Après le décès de Germain Levallois, la famille Levallois nous avait fait part de sa volonté d’aider la recherche contre le cancer. Comme elle a toujours été très présente, toujours partante pour offrir une saillie de Diamant, nous avions organisé une vente au profit de cette cause, chère à de nombreuses personnes. »

Dans notre filière, il y a beaucoup de concurrence, car il y a des enjeux commerciaux et économiques importants. Mais, en prônant la cause du caritatif, ça rebat les cartes et ça éteint toutes les rivalités qui peuvent exister.

Vincent Desmarez

Outre les cartes de saillie, des éleveurs ou étalonniers, certaines années, n’hésitent pas à offrir un poulain à l’association. « Ce n’est pas systématique, c’est au bon vouloir des gens, mais c’est un acte très généreux », pointe Vincent Desmarez. Ainsi, le GFE ou Cendrine Dutrait, sans doute touchés par certaines causes défendues, n’avaient pas hésité à confier l’un de leurs petits protégés aux Poulains du Cœur. « Pour l’anecdote, le Haras des Brimbelles, représenté par Guy et Christel Schumacher, avait fait l’acquisition de Bloom de Mons, une pouliche qui avait été offerte le GFE en 2011, lors de la levée de fonds au profit de l’association Les P’tits Cracks, qui accompagne les enfants et leur famille en souffrance dans leur combat contre le cancer », se remémore Vincent Desmarez. « La cause les a particulièrement touchés, notamment Christel Schumacher, qui avait œuvré en milieu hospitalier. De ce fait, le couple s’était engagé à garder la pouliche trois ans et à la présenter ensuite à Fences, pour que l’argent de son acquisition aille de nouveau au monde caritatif. » Et ce fut chose faite : en 2014, Bloom de Mons a été vendue pas moins de 45 000 euros à Bois-le-Roi au Haras de Belesbat, permettant à l’association Les P’tits Cracks d’engranger ainsi une belle somme et de continuer ses missions auprès des enfants et de leur famille. 

Saint-Lô, l’écrin des Poulains

L’histoire des Poulains du Cœur comporte ainsi de belles histoires et anecdotes, et on comprend mieux pourquoi Vincent Desmarez a à cœur de les raconter. Car, autour de ces causes qui nous touchent de près ou de loin, ce sont les acteurs de toute une filière qui tombent d’accord et montrent leur générosité. Cette générosité vient des dons qui sont faits à l’association par les éleveurs et les étalonniers, mais également lors de la vente aux enchères annuelle, qui a, depuis quelques années, lieu au Meeting d’automne de Saint-Lô. « Le comité d’organisation nous offre une très belle vitrine » , reconnaît Vincent Desmarez. « La moitié de la vente a lieu le samedi soir et l’autre, juste avant le Grand Prix du CSI4*, lorsque les tribunes sont pleines à craquer ! Une année, il y avait même l’un des frères Whitaker qui attendait que l’on finisse notre vente pour rentrer en piste. » Et lorsque le Covid a empêché Vincent Desmarez de récolter les fonds dans le cadre de cet événement, il a fait preuve d’imagination et a organisé les choses autrement. En 2020, alors que le calendrier événementiel était perturbé, il a organisé un stage avec Kevin Staut, Félicie Bertrand, Nicolas Delmotte et Alexis Deroubaix au haras de l’Ermitage. Les recettes du stage – 6000 euros – sont allées à l’Institut Pasteur. 

Cette année ne déroge pas à la règle : vous avez de nouveau rendez-vous Saint-Lô, les 28 et 29 octobre, pour aider les Poulains du Coeur et lever la main pour une carte de saillie si le cœur vous en dit. Vincent Desmarez a cette année choisi de contribuer au bon fonctionnement du centre d’équithérapie implanté au sein du site hospitalier La Musse (27), qui permet une prise en charge thérapeutique des patients, complémentaire aux soins médicaux. Pour en savoir plus sur l’opération les Poulains du coeur, cliquez ici.