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L’Expérience

Qui sont les chevaux des Master Pro ?

Jocelyne Alligier 25 avril 2023

Qui sont les 255 chevaux qui participaient, le week-end dernier, aux championnats Pro 2, Pro 1 et Pro Élite ? Coup d’œil sur les âges et origines des montures choisies par les cavaliers des Master Pro 2023 pour la course au podium.

Pas moins de dix ans séparent certains partants des Master Pro, où seize chevaux de 8 ans étaient en compétition, douze en Pro 2 et quatre en Pro 3, tandis que la Pro Élite voyait Alexandra Ledermann prendre le départ avec le doyen de ces championnats, Requiem de Talma, SF (Cento, Holst), toujours pétillant de vitalité à 18 ans et seizième de cette édition au final. Les Pro 2 sont les plus nombreux à faire confiance aux 9 ans, avec dix-huit chevaux de cette classe d’âge, pour treize en Pro 1 et quatre en Élite. La meilleure performance de cette génération encore jeune pour le haut niveau est signée par le partenaire d’Antoine Ermann, sacré vice-champion de France Pro 1, le Bwp Odin van’t Hanegoor (Kiekeboe, OES). On trouve également à la cinquième place de ce Critérium, sous la selle de Nicolas Cizeron, Electra des Chaînes, SF (Quality Touch, Old), née en Bourgogne chez Brigitte Griess qui avait fait naître le double vice-champion du monde en 1998 avec Thierry Pomel, Thor des Chaines, SF (If de Merzé, SF).

Les chevaux de 10 ans représentent le plus gros contingent de ce championnat avec cinquante-quatre engagés, que l’on retrouve principalement en Pro Élite (dix-sept) et Pro 1 (vingt-trois). Parmi eux, en Pro 1, le médaillé de bronze avec Valentin Marcotte, Diego del Caribe, SF, un fils du KWPN Kannan avec la bonne souche de Qerly Chin, né chez Mauricio Ruiz (94). Marie Pellegrin pointe à la porte du podium avec son étalon Deuxcatsix d’Eglefin, SF (Vigo Cécé, SF), né chez Claudine Digard (14). En Pro Élite, Charlotte Spaas-Levallois manque aussi de peu une médaille avec Dream de Beaufour, SF (Diamant de Semilly), née chez Sylvie Levallois (14). Cette jument, titulaire d’un ISO 152, est déjà mère de trois produits.

Les générations des 11 et 12 ans fournissent quant à elles les deux autres lots les plus étoffés avec quarante-et-un partants dans chacune de ces tranches d’âge. On y trouve le podium du Pro 2 avec, sous la selle de Camille Branchard, le champion Boogy d’Argouges, SF (Mozard des Hayettes, sBs), né chez Angeline Bertot dans la Manche. Sacha Thinard a pour sa part conduit au deuxième rang Chiquita d’Aiguilly, SF (Nabab de Rêve, sBs), une jument de l’élevage de la famille Perreau (42), dont la mère, Uata, une KWPN par Heartbreaker, KWPN, a fait une belle carrière internationale avec Olivier Perreau, l’oncle de Sacha. Chiquita d’Aiguilly avait été mise à l’élevage avant de faire sa carrière de compétitrice. Dorothée Amar s’empare quant à elle de la médaille de bronze grâce à Cancun Torel Z, une fille du Hannovrien Cosinhus née en 2011 chez François-Xavier Guyrad (53). Pour accéder au titre de champion de France Pro Élite, Edward Lévy a misé à juste titre sur la génération 2011, avec l’étalon Broadway de Mormoulin, SF (Kannan, KWPN), tandis que le bronze revient à Maëlle Martin et Bise des Bardellieres, SF (Lamm de Fétan, SF), née chez Martine Choisne (37).

Si l’effectif des 13 ans est déjà plus réduit (vingt-trois au total), ses représentants montrent une belle efficacité avec le titre en Pro 1 pour l’étalon Amant du Château*GFE, SF (Diamant de Semilly), associé à David Giffon, et l’argent du Pro Élite pour Juliette Faligot et sa fidèle Arqana de Riverland, SF (Cornet Obolensky, Bwp).

Le Selle Français à l’honneur

Les cavaliers tricolores font très largement confiance aux Selle Français, qui étaient cent-soixante-seize au départ et majoritaires dans chaque série. Ils représentaient quarante-et-un partants des soixante-trois engagés de la Pro Élite, soixante des quatre-vingt-dix-sept chevaux de la Pro 1, et soixante-quinze des quatre-vingt-quinze partants de la Pro 2. Les autres stud-books les plus représentés sont le Bwp avec dix-neuf partants (dont neuf en Pro 2), et le Zangersheide, avec dix-huit engagés et certains produits nés en France, à l’image de la médaillée de bronze du championnat Pro 2, Cancun Torel Z. Toutes les autres places sur les podiums sont acquises avec des Selle Français. À noter que le Holstein, très prisé pour sa génétique mâle, n’a que trois produits en lice sur l’ensemble des championnats.

Une forte diversité génétique

Les deux-cent-cinquante-cinq partants du Master Pro se réclament de près de cent-cinquante étalons différents, la très grande majorité n’ayant qu’un seul produit en lice, et particulièrement pour les chevaux nés à l’étranger. Ils ne sont même pas une dizaine à avoir un nombre de produits où il faut plus des doigts d’une main pour les compter ! Sans surprise, on trouve en tête le duo des chefs de race Diamant de Semilly, SF et Kannan, KWPN avec respectivement quatorze et onze descendants engagés. On trouve aussi plusieurs produits de leurs fils étalons, Rock’n Roll Semilly, SF notamment pour le premier, et Ogrion des Champs, SF pour le second. Le Selle Français Mylord Carthago, le Holsteiner Quaprice Boimargot et le Oldenbourg L’Arc de Triomphe comptent quant à eux huit produits chacun dans ces championnats.

Pour bien affirmer la qualité léguée à leur progéniture par les deux leaders en nombre, quoi de mieux qu’un titre ? Pour le fils de Diamant de Semilly, Amant du Château* GFE, c’est celui en Pro 1, et pour et le fils de Kannan, Broadway de Mormoulin, celui en Élite. On note aussi que ces deux champions 2023 sont issus d’une génétique maternelle remarquable. Fruit du croisement entre Diamant de Semilly et Quokine du Château, SF (Robin II Z, Hann), Amant du Château*GFE, né chez Jean Grandjean (51), se réclame de la lignée exceptionnelle de Javotte D, SF (Cor de Chasse, SF), d’où Sophie du Château, SF (Galoubet A, SF), à l’origine d’une pléiade de performers, dont l’exceptionnel Itot du Château, SF (Le Tôt de Semilly, SF), ISO 193. Les premières générations de la production d’Amant du Château*GFE font leurs armes sur les circuits SHF avec, l’an dernier, plusieurs qualifiés pour les finales des 4 et 5 ans. Ludovic Taugourdeau et Catherine Gonzendach (28) ont, pour leur part, fait naître Broadway de Mormoulin en croisant Kannan avec Riviera de Toscane, SF (For Pleasure, Hann), dont la mère, Fanny du Murier (Laudanum, PS), a produit avec Quidam de Revel, SF les deux étalons performers de Philippe Rozier, Jadis de Toscane, SF et Rahotep de Toscane, SF. Étalon approuvé depuis 2015, Broadway de Mormoulin n’a qu’une vingtaine de produits enregistrés au SIRE, les deux aînés ayant 7 ans.

Derrière le quatuor gagnant de Selle Français, Simon Delestre place au cinquième rang l’un des huit KWPN engagés dans les championnats, I Amelusina R51 (Dexter R, KWPN), né aux Pays-Bas, au sein de l’élevage Roelofs. Kévin Staut avait choisi le grand Beau de Laubry Z (Bisquet Balou C VD Mispel, RHDL), né en Belgique à l’élevage de Laubry, et décroche une neuvième place, derrière Alexis Goulet en selle sur Cordico (Cormint, Holst), un des rares Holsteiner engagé dans ce Master Pro, mais bien représenté dans les CSI avec notamment une double victoire dans les U25 pour Corrado du Moulin (Berlin, Holst), sous la selle de Camille Condé Ferrera. Si le stud-book Anglo-arabe n’avait qu’un seul représentant sur le Master Pro, il se distingue dans le Grand Prix du CSI4* avec la belle troisième place de Chrome d’Ivraie (Jarnac, SF), né chez Stéphane Chalier (15) et monté par Reynald Angot.

Photo : Broadway de Mormoulin et Edward Lévy, ici lors championnat Pro Elite. Crédit : FFE/PSV.