L'E
L’Expérience

Rencontre avec Françoise Niclaus, propriétaire de James Bond de Massa et de Diabolo Menthe

La rédaction 18 février 2024

Le sport équestre s’épanouit grâce à l’engagement des propriétaires. Ils font partie intégrante de l’équipe qui entoure un cavalier et son cheval. Françoise Niclaus est l’une des propriétaires à avoir deux chevaux listés “À cheval pour Paris” : James Bond de Massa en dressage et Diabolo Menthe, en copropriété avec Edith Mezard en concours complet. Rencontre avec une femme investie et passionnée.

D’où vient votre passion pour les chevaux ? 

J’ai toujours eu la passion des chevaux et j’ai commencé à monter vers l’âge de six ans. Mon père était médecin. À l’époque, il n’y avait pas de club à Cavaillon alors mes parents et ceux d’Edith Mezard, une amie d’enfance avec qui j’étais en maternelle, ont monté des boxes. J’ai appris sur des chevaux réformés des courses. Ce n’était pas simple, je tombais beaucoup ! J’ai un peu concouru, notamment en complet, puis j’ai levé le pied pendant mes études de médecine. Je me suis mariée avec quelqu’un qui possédait un manège, en Belgique. Sa fille faisait de la compétition en dressage. On ne perd jamais la passion des chevaux ! Donc avec mon mari, on s’est mis au dressage.

Comment êtes-vous devenue propriétaire de chevaux de haut niveau ? 

Avec mon mari, on a commencé à avoir des chevaux pour la compétition qu’on confiait à un cavalier belge. Comme j’habite à Monaco, je me suis orientée vers des cavaliers français, c’était plus simple pour moi. C’est important d’être proche de mes chevaux car je veux pouvoir les voir. Je vais souvent chez Arnaud, moins chez Nicolas car il est plus loin. Je me déplace aussi régulièrement sur les concours, cela me procure beaucoup de plaisir.

Qu’appréciez-vous chez les chevaux ? 

Ce qui me plaît chez les chevaux, c’est qu’ils sont très sensibles, très affectueux. C’est un sport où l’affection que l’on donne aux chevaux, l’animal nous le rend. À Bruxelles, j’ai encore un vieux cheval de ving-quatre ans, et je vais faire des promenades en forêt, au pas et avec un peu de trot. J’espère qu’il va rester encore longtemps avec moi, j’en ai besoin ! C’est mieux qu’une drogue, c’est apaisant. Comme j’habite Monaco, j’ai besoin tous les mois de faire mon tour en forêt au calme, de changer de décor.  

Comment avez-vous fait la rencontre de Nicolas Touzaint et de Diabolo Menthe ? 

J’ai rencontré Nicolas grâce à Edith Mezard. Elle a eu un cheval, Lord de Theizé, vice-champion d’Europe et du monde par équipes et sélectionné pour les Jeux de Londres. C’est là qu’on a repris contact et qu’on a acheté ensemble des chevaux de complet. C’était naturel pour moi ! Il y a eu Emory Mail chez Nicolas Touzaint, et Diabolo Menthe, qui est un très bon cheval. Ce dernier appartenait à Nicolas et une autre propriétaire. Quand il a terminé troisième du Mondial du Lion en 2020, elle a souhaité le vendre donc Nicolas m’a proposé, avec Edith Mezard, de le racheter, ce que l’on a fait. Je n’ai pas pu être présente pour la victoire de Diabolo à Boekelo, mais c’était superbe. Il a fait beaucoup de progrès en dressage et en saut d’obstacles. Fin mars, j’irai à Pompadour. Il y aura aussi Vittel, en juin avant l’annonce des sélections, on croise les doigts !

Qu’appréciez-vous dans le concours complet ? 

Je trouve que le complet est un peu la discipline “reine”, très complète, où il faut être polyvalent. Cela donne un peu d’angoisse, je suis fort stressée pendant le cross. Les couples prennent des risques mais c’est magnifique à voir. Un Grand Prix de dressage est moins stressant ! Les deux disciplines sollicitent beaucoup les chevaux et demandent de l’exigence.

Pouvez-vous revenir sur l’histoire avec Arnaud Serre et James Bond de Massa ? 

J’ai trouvé James Bond à deux ans. Je l’ai vu en vidéo et l’ai trouvé fantastique. Je l’ai donc acquis au début de ses trois ans. J’avais déjà confié mes chevaux de Belgique à Arnaud donc c’était naturel de lui confier James Bond. Il l’a débourré. C’est un très bon cheval qui a bien progressé, tout comme Diabolo Menthe. Tous deux sont encore jeunes et ont l’avenir devant eux ! Arnaud est une personne très professionnelle, avec beaucoup de feeling, comme sa femme et sa fille Mathilde, qui monte très bien. Ils ont un grand respect pour leurs chevaux, c’est essentiel. Ils ont toutes les qualités pour être de bons cavaliers. J’ai d’ailleurs acquis Lightning Star, troisième du championnat du monde des sept ans en 2023, pour la confier à Anne-Sophie. J’ai également le fils de James Bond, Orient Express, qui prend six ans, et un cheval plus âgé que monte Mathilde, Alcazar de Massa.

Vous êtes la seule propriétaire à avoir deux chevaux présélectionnés pour les Jeux olympique. Qu’est-ce que cela représente pour vous ? 

C’est beaucoup de fierté d’avoir deux chevaux à potentiel olympique. L’équitation est un sport de couple, il faut le cavalier et le cheval, ce n’est pas simple de trouver la bonne association. Les propriétaires ont besoin des cavaliers, et eux ont besoin de nous pour avoir de bons chevaux. C’est un sport d’équipe, où tout le monde est important. Il y a un très bon suivi de la Fédération française d’équitation. Les cavaliers ont besoin d’être épaulés à tout point de vue. Tout se joue à la fin, avec des sélections tardives comparées à d’autres sports. Il y a une longue liste en complet, un peu moins en dressage. Il faut arriver à être performant au bon moment. Comme dans beaucoup de sport, il y a aussi le facteur chance. J’espère qu’au moins l’un d’entre eux arrivera au bout. Les Jeux sont l’objectif suprême, mais on ne sait jamais ce qui peut arriver jusqu’au dernier moment. C’est la dure loi du sport de haut niveau et évoluer avec un animal ajoute une incertitude supplémentaire.

Comment vous décririez-vous en tant que propriétaire ? 

Je ne suis pas embêtante. Par contre, je ne veux pas vendre mes chevaux, qu’ils soient bons ou moins bons, qu’ils se blessent ou pas. Je les garde et leur offre une belle retraite. Je pense qu’on doit leur rendre ce qu’ils nous ont donné. Il existe un esprit commercial avec les chevaux et c’est hors de question chez moi. Mes chevaux sont comme mes enfants. Je suis comblée, j’ai de bons chevaux et je leur rends bien.

(Communiqué)

Crédit photo à la une: FFE/PSV