L'E
L’Expérience

Sandro Boy, trente ans de succès

Eperon 9 mars 2023

Le 5 mars dernier, le charismatique et performant Sandro Boy, ancien partenaire au plus haut niveau du Centaure Marcus Ehning, célébrait ses trente ans. Entre une carrière sportive marquée par d’impressionnantes performances et quelques excellents descendants, portrait d’un étalon qui a su séduire les passionnés de sport ainsi que les éleveurs.

Il est de ces chevaux dont le charisme a marqué plus d’un passionné, mais dont il ne s’agissait assurément pas du seul atout. Né le 5 mars 1993 chez Rudolf Meyer, en Allemagne, Sandro Boy (Sandro, Holst, et Wiadora, Old, par Grannus, Hann) s’est, dès son plus jeune âge, montré plus que prometteur, notamment en décrochant un très rare 10 dans l’épreuve de saut lors de son approbation étalon en 1996. Un premier exploit qui, comme certains l’avaient prédit, en a finalement appelé de nombreux autres. De ses premières victoires en Grands Prix à son titre de vainqueur de la finale du circuit Coupe du monde à Kuala Lumpur en 2006, le bai affiche un palmarès remarquable, qu’il a façonné aux côtés de Marcus Ehning et conclu en beauté en 2010 en remportant le Grand Prix de Munich, dernière compétition à laquelle il a pris part avant de faire ses adieux au sport et à son public à Leipzig. Bref, Sandro Boy fait indéniablement partie de ces chevaux qui ont laissé une empreinte dans le sport, mais pas que.

Père et fille à haut niveau

La carrière sportive de Sandro Boy ayant tout d’abord été la priorité, le charismatique étalon n’a que peu produit dans ses premières années. Et pourtant, c’est notamment à cette période que Sabrina 327 a vu le jour. Née chez Josef Estendorfer en 1999 du croisement entre Sandro Boy et la jument allemande Bali (Landadel, Holst), la baie a, tout comme son père, évolué jusqu’au plus haut niveau sous la selle de Marcus Ehning, glanant au passage pas moins de treize victoires, dont le Grand Prix 5* de Paris en 2010 et celui du CSI5*-W de Bordeaux en 2012. Sabrina 327, c’est également une deuxième place dans l’étape Coupe du monde de Londres en 2011, une troisième place dans celle de Leipzig en 2012 ou encore une septième place lors de la finale du circuit cette année-là à ‘s-Hertogenbosch. Pendant deux ans, Marcus Ehning avait donc sous sa selle l’excellent Sandro Boy mais aussi sa fille, Sabrina 327, et s’illustrait simultanément lors des plus belles compétitions du monde avec eux deux.

Fantomas de Muze, sur les traces de son père

Parmi les meilleurs produits de Sandro Boy, se trouve également Fantomas de Muze, Bwp. Le célèbre éleveur belge Joris de Brabander s’est lui aussi laissé séduire par l’étalon allemand monté par Marcus Ehning, qu’il a marié en 2004 à la Bwp Cordula de Laubry (For Pleasure, Hann). Formé par Karline de Brabander-Vereecke, aux côtés de qui il a finalement fait toute sa carrière, Fantomas de Muze s’est illustré jusqu’en CSI5* et s’est notamment montré redoutable lors des épreuves de puissance et six barres, remportant par exemple celles d’Anvers, Malines, Lummen, Canteleu et Londres. Très bon sportif, Fantomas de Muze est également un bon reproducteur. Il est, entre autres, le père de Feromas van Beek Z, qui évolue jusqu’en CSI5*-W avec Gilles Thomas, Karlin van’t Vennehof, deuxième du Grand Prix du CSIO4* de Wellington le week-end dernier avec l’Américaine Lacey Gilbertson, ou encore Kenia van’t Laerhof, présente en CSI5* sous la selle de Jane Richard Philips.

Autre éleveur séduit par le beau Sandro Boy : le célèbre Paul Schockemohle. Avec la semence du bai, il a notamment produit Dr Scarpo, qui a évolué jusqu’en CSIO4* avec l’Autrichien Stefan Eder, San Chano, que l’on a pu voir en CSI3* sous couleurs américaines, Sandros S Bella, présente en CSI5* et totalisant pas moins de 130 000 euros de gains avec Philip Houston, Boy IV, qui s’est illustré jusqu’en CSI5* avec Emmanuel Andrade, ou encore Siella, qui a quant à elle tourné en CSI4*.

Si Sandro Boy a produit nombre de fils qui se sont par la suite, comme lui, distingués dans le sport comme à l’élevage – à l’image de Saccor, dont les descendants se distinguent déjà eux aussi sur la scène internationale -, il a également produit d’excellentes reproductrices. Parmi elles, Samona, mère de My Boy 26 (Mylord Carthago x Sandro Boy), présent jusqu’en CSIO5* avec Jorg Naeve, ou bien Shakira Z, mère du crack étalon de Jérôme Guery, Milton Z (Mylord Carthago), très grand gagnant en CSIO5* et approuvé AES et Z.

Au total, Sandro Boy compte pas moins d’une trentaine de fils approuvés et plus de vingt descendants évoluant à très haut niveau. Aussi bon sportif que père, voilà tout.

2016, année du succès en France

Du côté de l’Hexagone, Sandro Boy a également connu un certain succès, avec un total de trois cent quatre-vingt quatre produits enregistrés au SIRE. Si, de 2004 à 2013, il ne produisait qu’une petite dizaine de poulains par an, en 2016, ce nombre a tout simplement explosé. Ce ne sont en effet pas moins de cent-cinquante fils de Sandro Boy qui sont nés cette année-là, et soixante-et-onze l’année suivante. Un engouement qui n’est pas sans lien avec le fait que le centre de Béligneux Le Haras a pu disposer de Sandro Boy pendant une saison et ainsi le rendre plus accessible en France, en IART avec des doses très fertiles, ainsi qu’avec des conditions de saillie plus sûres (solde poulain vivant). Car, jusqu’en 2015, la semence de l’étalon était contingentée, uniquement disponible en congelé et peu fertile. Par ailleurs, en 2017, le propriétaire de Sandro Boy, Josef Estendorfer, mettait un terme à la carrière de reproducteur de son protégé. 

Parmi ses meilleurs descendants nés en France, citons notamment Ramouncho de Gree, né chez René Desbois en 2005 et ISO 152 en 2014, Valentino du Soleil, né chez Marianne Eichenberger en 2009 et ISO 152 en 2021, ou encore Azur Rumel, née à l’élevage de Rumel en 2010 et ISO 147 en 2021.

Digne fils et héritier de Sandro

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Sandro Boy a, en quelque sorte, suivi les traces de son père, le Holsteiner Sandro (Sacramento Song, XX, et Duerte, Holst, par Wahnfried, Holst). Né chez Klaus Delef Harbeck et découvert par le Danois Bent Neergaard lors d’une session d’approbation, puis vendu quelque temps plus tard à Paul Schockemöhle – qui n’avait pas manqué de remarquer son potentiel –, c’est finalement sous la selle de Franke Sloothaak que Sandro s’est illustré et a fait sa carrière sportive à haut niveau. Mais c’est surtout en tant que père qu’il s’est distingué. Avec quarante-huit fils approuvés, treize produits ayant évolué au plus haut niveau en saut d’obstacles (dont, évidemment, Sandro Boy, mais aussi Santorin F, Sympatico et Sarkus) et un en dressage, son succès a été certain. En 1994, lors des Jeux équestres mondiaux de La Hague, Sandro comptait d’ailleurs pas moins de trois fils : Sandro Song, Safari et Paradiso.

Si Sandro a marqué le monde du saut d’obstacles, il a également eu une influence certaine en dressage grâce à sa descendance. Il est notamment le grand-père du célèbre Sandro Hit, Old (Sandro Song, Old), l’un des étalons les plus prolifiques dans la discipline (près de deux cents fils approuvés et plus d’une centaine de produits ayant évolué en Grand Prix). Sandro est également le grand-père de l’olympique Satchmo (Sao Paulo, Old), médaillé d’or et d’argent aux Jeux de Pékin en 2008, sacré triple champion du monde à Aix-la-Chapelle en 2006 et champion d’Europe à Turin en 2007.

Une lignée maternelle aussi bonne que le reste

Du côté maternel, Sandro Boy affiche également quelques noms réputés. Sa mère, Wiadora, est une fille du père de champions Grannus, Hann, qui a notamment produit Grannush, Grand Plaisir, Governor, Grand Slam et trente-et-un autres chevaux ayant évolué au plus haut niveau en saut d’obstacles. L’arrière-grand-père de Sandro Boy, Argentinus, s’est également illustré sur les terrains de compétition et à l’élevage – notamment avec Arko III, Anka 191 (elle aussi performante avec Marcus Ehning !) et Air Jordan –, étant même sacré étalon hanovrien de l’année en 2005.

La souche basse de Sandro Boy n’est pas en reste, sa deuxième mère, Walide (Argentinus, Hann), ayant produit le remarqué Grasco (Grannus, Hann). Plus globalement, cette très bonne lignée de poulinières westphaliennes se trouve également dans le pedigree du champion olympique par équipe de 1988 à Séoul sous la selle de Wolfgang Brinkmann, Pedro (Pilot, Westf).

Sandro Boy avait donc tout pour briller dans le sport autant qu’à l’élevage : un bon pedigree, un superbe modèle, des moyens, du charisme, un excellent cavalier, etc. Et cela n’a pas manqué. Ses trente printemps tout juste passés, Sandro Boy est toujours les mémoires, mais aussi dans les pedigrees de quelques gagnants sur la scène internationale.

Photo : Sandro Boy et Marcus Ehning, ici lors de la finale Coupe du monde de Kuala Lumpur. Crédit : Scoopdyga.