Stéphane Monier, une multiplicité de belles souches
Installé dans l’Ain, Stéphane Monier est un véritable passionné d’élevage. À la tête du haras des Joanins, qui se répartit sur deux sites – une ancienne ferme laitière aménagée et un centre d’entraînement de trotteurs -, ce directeur des investissements pour la banque privée suisse Lombard Odier pense avec soin ses croisements et met nombre d’atouts de son côté pour faire naître de vrais chevaux de sport.
Combien de poulains faîtes-vous naître chaque année ?
Entre quinze et vingt poulains environ voient le jour au haras des Joanins.
Sur quelles souches se base l’activité de votre élevage ?
Sur des souches françaises et étrangères. J’ai la souche du Château, avec Kolea des Joanins (Mylord Carthago), qui est une petite-fille de Kolea du Château (Allegreto), elle-même fille de Sophie du Château. Je dispose également, avec Goldikova de Kreisker (Toulon, Bwp), de la souche de Betty de Kreisker (Muguet du Manoir), mère de Jumpy de Kreisker (Quito de Baussy), qui a notamment donné Shana de Kerglenn (Diamant de Semilly). Sur cette souche, j’ai également Djedda du Hus (Ulixe), qui est une sœur utérine de Shana, par le biais de Jumpy, leur mère. Avec Isis de Kreisker (For Pleasure, Hann) et et Iliona des Joanins (Cristallo, Westf), je peux compter sur la souche de Briseis d’Helby (Laudanum, PS), qui est la mère de Quickly de Kreisker (Diamant de Semilly). Parmi les souches françaises, j’ai également celle de Buguette Platière (Muguet du Manoir), notamment mère de Popstar Lozonais (Quick Star), par le biais de ses petite-filles, Bianca de Riverland (Untouchable M, KWPN) et de Déesse de Riverland (Untouchable M, KWPN). Avec Keita des Joanins (Romanov, KWPN), je dispose de la souche d’Esterel des Bois (Papillon Rouge), par le biais de Kinette de Launay (Quastor). Enfin, dans les souches françaises, j’ai également celle d’Ifrane avec Hottonie de Kreisker (Diamant de Semilly). Avec Celeana des Joanins Z (Chacco-Blue, Meckl), j’ai également la souche de Vigo d’Arsouilles, Bwp (Nabab de Reve, Bwp), puisque la quatrième mère de Celeana, Illico d’Arsouilles (Fleuri du Manoir), est la mère de Vigo. Côté étranger, j’ai fait l’acquisition de la sœur de Conrad de Hus (Con Air, Holst), Conrad Girl de Hus, par Corrado I, Holst. Avec Kiss Me des Joanins (Diarado, Holst), je remonte jusqu’à la souche de la très bonne jument holsteiner de Jan Tops, Roofs (Caletto, Holst). Enfin, L’Etoile des Joanins (L’Arc de Triomphe, Old) a pour mère Telysette (Quick Star), qui n’est autre que la propre sœur de Big Star, le crack de Nick Skelton.
Quels étalons allez-vous choisir cette année et pour quelles souches ?
Historiquement, je suis beaucoup allé à des valeurs sûres telles que Mylord Carthago, Vagabond de la Pomme, sBs, Emerald van’t Ruytershof, Bwp, Kannan, KWPN, Diamant de Semilly, Untouchable M, KWPN, et Cristallo I, Westf. Cette année, j’ai décidé de changer un petit peu et d’aller vers de nouveaux étalons, et d’autres que j’ai essayé il y a deux ou trois ans, dont les produits me plaisent particulièrement. Je leur dédie entre une et quatre juments. Le plus plébiscité pour moi cette année sera Cooper van de Heffinck, Holst. C’est un fils de Caretino, Holst, et je pense qu’il sera par exemple plus facile à croiser que Casall, Holst. J’adresse à Cooper à Kiss me des Joanins, de la souche de Roofs, ainsi que trois autres juments de Kreisker, que je loue à Guillaume Ansquer. Ensuite, je vais également utiliser cette année Quamikase des Forêts alias Zirocco Blue VDL. C’est la première fois, mais je trouve que la production est très bien. J’ai beaucoup de petites juments dans le sang et je pense que ce sera très bien pour lui, qui a un très beau pedigree. Quamikase va aller cette année à Bianca de Riverland, la souche de Buguette Platière, et à Iliona des Joanins, la souche de Briseis d’Helby. Je plébiscite aussi cette année Taalex, Bavar, qui donne de vrais chevaux de concours. J’ai déjà eu des poulains de Taalex, et j’en suis très content : il donne une taille moyenne et cela correspond à une partie de ma jumenterie. Djedda de Hus et sa fille Jumpy des Joanins (Emerald van’t Ruytershof, Bwp) lui seront cette année adressées. Je vais également utiliser mes étalons “maison”, Mistral des Joanins (Mylord Carthago x Pilot, Westf), frère utérin de L’Arc de Triomphe, Old, sur Bianca de Riverland et sur Iliona des Joanins, et Léopard des Joanins (L’Arc de Triomphe, Old x Quick Star), fils de la propre soeur de Big Star, sur Kiss Me des Joanins, de la souche de Roofs. Outre Léopard, j’ai choisi huit étalons à mettre à une reprise cette année : Kannan, KWPN, pour Gaia de Kreisker (Taalex, Bavar x For Pleasure, Hann), issue de la souche d’Ifrane, Dominator 2000 Z pour L’Etoile des Joanins, Vancouver de Lanlore pour Keita des Joanins, de la souche de Kinette de Launay. Je réalise ainsi un double inbreeding avec Le Tot de Semilly et Heartbreaker, KWPN. J’ai également opté pour Ermitage Kalone pour Kolea des Joanins, la petite-fille de Kolea du Château, parce que j’aime beaucoup Kannan et Catoki, ainsi que sa souche anglo. E-pleasure, Bwp, ira à Kolea des Joanins, tandis que Casallco, Holst, ira à Celeana des Joanins, de la souche de Vigo d’Arsouilles. Je ne suis pas un grand fan de Casall, que je trouve difficile à croiser. Avec Casallco, qui allie le sang de Casall et de Contender, Holst, je contourne un peu ce problème. L’Etoile des Joanins ira également à Pegase van’t Ruytershof, Bwp, et Jumpy des Joanins à Uricas van de Kattevenen, Holst.
“De façon générale, j’essaie de compenser les défauts de ma jumenterie par les points forts des reproducteurs”
Quelles qualités veillez-vous à faire apparaître chez vos produits ?
Beaucoup de respect, selon moi, c’est une qualité primordiale. Ensuite, le sang, car il en faut pour faire de bons chevaux de sport, et, en troisième, le modèle. J’essaie de produire des chevaux qui font environ 1,70 mètre au garrot, c’est une taille idéale pour le sport. Je fais donc attention à cela dans mes choix de croisements. Et puis, si on arrive à amener un peu de chic, c’est encore mieux (rires). Lorsque je choisis un étalon, je regarde son pedigree, ses résultats dans le sport, les résultats de ses produits et des vidéos pour le voir évoluer. J’aime qu’il ait une bonne souche, c’est une autre manière de raccrocher de belle lignée, autrement que par la voie femelles. De façon générale, j’essaie de compenser les défauts de ma jumenterie par les points forts des reproducteurs. Je sais que ce n’est pas toujours la stratégie choisie et que d’autres préfèrent allier les points forts, mais c’est ma façon de faire. Nous verrons si l’avenir me donne raison !
Photo : Stéphane Monier. Crédit : Coll.