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Travailler la rectitude du jeune cheval avec Matthieu Vanlandeghem – Partie 2

Emilie Dupont 25 janvier 2024

Pour lire la première partie de cette séance avec Matthieu Vanlandeghem, cliquez ici.

La progression à l’obstacle du jeune cheval de concours complet : tel était le sujet du clinic animé par Matthieu Vanlandeghem à l’occasion des Journées du complet en janvier 2023. Une thématique que l’écuyer du Cadre noir de Saumur et cavalier de concours complet a abordée en concevant différents exercices autour d’un élément central : la rectitude. Après le travail à l’obstacle sur des lignes droites, place aux lignes courbes.

Si, pour illustrer la notion de rectitude, Matthieu Vanlandeghem utilise l’image du train, qui roule constamment sur des rails et n’en sort (normalement) jamais, il précise également que, tout comme les parcours d’obstacles, les rails ne vont pas toujours en ligne droite. D’où l’importance de maîtriser aussi les lignes courbes. Un exercice légèrement plus compliqué que le précédent car, comme le précise l’écuyer, « le fait de tourner va impacter la propulsion ». En termes d’équilibre, « la notion de rails va ainsi être un peu plus délicate pour le jeune cheval », ajoute-t-il. Pour débuter ce travail sur les lignes courbes, Matthieu Vanlandeghem propose de conserver le dispositif d’entrée utilisé pour le travail sur la ligne droite, mais d’ajouter deux barres parallèle à la sortie pour encadrer le cheval, l’aider à rester droit et au milieu à la sortie, avant d’aller franchir, sur une courbe l’un deux de obstacles, à droite, un oxer directionnel et à gauche, une pointe (voir schéma). « L’idée, c’est de conserver la régularité », explique l’écuyer. « Il faut être vigilant dans les premiers instants de cet exercice car, étant donné que les chevaux ont effectué un travail sur la ligne droite précédemment, ils sont conditionnés à, après le deuxième obstacle, continué à aller droit et, lorsqu’on leur demande de tourner, perdent ainsi en propulsion. À la réception, il faut donc garder ses jambes et relancer un peu. » Autre élément indispensable lors de la réalisation de cet exercice : « la main doit toujours avoir la sensation de recevoir l’énergie du postérieur. On ne peut redresser son cheval que s’il y a du mouvement ». Enfin, comme le précise Matthieu Vanlandeghem, le regard a également une importance majeure. « Pour tout ce qui est directionnel, se fixer un point de repère derrière l’obstacle est primordial. »

Aborder la pointe

Après avoir franchi à plusieurs reprises et correctement les deux verticaux et l’oxer directionnel situé sur la ligne courbe à droite, l’écuyer propose de repartir sur le dispositif mais, cette fois-ci, en tournant à gauche à la sortie, pour se rendre sur la pointe. « Il y a une quinzaine d’années, on ne voyait aucune pointe sur les parcours Jeunes chevaux. Désormais, on retrouve assez souvent ce type d’obstacle. Certes, très encadré, mais il est important de familiariser les chevaux à cela, notamment sur du mobile », assure-t-il. Plus complexe que l’oxer directionnel précédemment abordé, la pointe a trois particularités : le fait de sauter en point précis, et, progressivement, la largeur et le biais. « Il demande vraiment de la précision sur différents champs, à la fois sur la propulsion, l’encadrement et la longitudinalité. Il faut placer correctement son cheval car, la largeur faisant, cinquante centimètres font la différences », insiste l’écuyer. Pour aider le cavalier et le cheval, Matthieu Vanlandeghem propose d’ailleurs de placer un plot rouge en dessous de l’obstacle afin de matérialiser l’endroit où il faut sauter.

Une fois bien franchie, il est possible d’augmenter un peu la largeur de la pointe. « Au début, on ne peut pas mettre à la fois plus haut et plus large. On peut mettre un peu plus large, mais pas plus haut. Dans l’idée de vraiment travailler le tracé, on ne monte les barres qu’une fois que l’on constate que le cheval et le cavalier sont bien précis », explique Matthieu Vanlandeghem.

Enchaîner

Après avoir sauté indépendamment les deux parties du dispositif, Matthieu Vanlandeghem propose de les enchaîner. Pour cela, il augmente le biais des obstacles placés sur la première partie de la ligne. Puis, l’objectif est de dérouler le tracé suivant : les deux verticaux de biais, à gauche, la pointe, virage à droite, le directionnel. « C’est qui est important, c’est d’apprendre assez tôt au cheval, mais aussi au cavalier, à se dresser rapidement. Souvent, ils sautent un obstacle et se laissent un peu aller derrière. Il faut avoir le réflexe de se rééquilibrer, même après le dernier obstacle. Il faut toujours partir du principe qu’il y en a toujours un autre derrière. Pour éduquer correctement son cheval, le cavalier doit donc faire, à chaque réception, l’effort de se redresser », souligne l’écuyer. Le tout, en avant, calme, droit… Et comme sur des rails.

Crédit photo à la une: L'Eperon/A.V