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Trophée des stud-books : le bilan de Pascal Cadiou

Sylvia Flahaut 4 octobre 2023

Après la première édition du WBFSH Stud-books Jumping Global Champions Trophy, Pascal Cadiou, président du stud-book Selle Français, tire un bilan globalement satisfaisant de l’événement et prédit qu’il trouvera sans difficulté sa place au calendrier annuel des compétitions.

Le WBFSH Stud-books Jumping Global Champions Trophy, dont le tout premier rendez-vous était accueilli ce week-end, à Valkenswaard, chez Jan Tops, a semble-t-il conquis les dirigeants du stud-book tricolore, qui avaient choisi de jouer le jeu, en présentant une équipe de chevaux Selle Français dans les quatre classes d’âge (5, 6, 7 et 8 ans) de ce nouveau championnat. Pour rappel, cette compétition, organisée à l’initiative de la World breeding federation of sport horses, a pour objectif de faire concourir les stud-books par le biais d’équipes. Vitrine du savoir-faire des éleveurs de chaque nation participante, le WBFSH Stud-books Jumping Global Champions Trophy mêle sport et élevage. Mais, contrairement aux championnats du monde des Jeunes chevaux accueillis chaque année dans le giron Zangersheide, à Lanaken, le trophée des stud-books aligne des équipes de chevaux appartenant à la même race, et a vu des épreuves aux effectifs plus restreints se dérouler. Au programme, deux qualificatives par classe d’âge, engrangeant un système de points et donc un classement provisoire. Mais, lors de la finale, remise à zéro des compteurs : seuls trois chevaux, sélectionnés par chaque chef d’équipe, repartent et le droit à l’erreur, en l’absence de drop score, n’est pas permis.

C’est tout à fait l’événement qu’on avait imaginé avant de s’y rendre“, reconnaît Pascal Cadiou. “Le format de compétition s’inscrit véritablement dans la continuité de ce que nous proposons en France, en termes de formation des jeunes chevaux, puis de finales nationales à Fontainebleau. Les trois épreuves, qualificatives et finales, ont été construites de façon progressive. Les chevaux ont sereinement pris possession du magnifique terrain en herbe, et du parc d’obstacles. Je tire mon chapeau au chef de piste Uliano Vezzani, qui est véritablement un cador dans son secteur d’activité. Les parcours, malgré l’aspect compétition, restaient éducatifs.

Quelques ajustements sur le format

Le président du stud-book Selle Français évoque cependant quelques ajustements qui pourraient rendre le règlement de la compétition plus pertinent. “ Les finales mettent pas mal de pression sur le dos des cavaliers formateurs, dont certains sont encore jeunes, pour plusieurs raisons. D’une part, le fait que tous les scores comptent a pour conséquence que tout le monde doit être impérativement au rendez-vous à ce moment-là. Si l’un des couples craque, c’est fichu. Alors, on pourrait uniquement aligner des cavaliers qui ont de la bouteille, avec de l’expérience, pour aller courir ce championnat, mais je pense que ce n’est pas du tout le but. Ce qui était intéressant ce week-end, c’est justement de voir un Reynald Angot et une Pénélope Leprévost aux côtés de cavaliers moins expérimentés, et spécialisés dans la formation de jeunes chevaux. Forcément, ces derniers ont ressenti beaucoup de pression en finale, et cela a sans doute entraîné des fautes dans notre camp. Pour moi, la transmission et le partage entre cavaliers expérimentés et moins expérimentés est fondamental, et c’était aussi, selon moi, un peu le but de cette compétition. Et puis, pour éviter de remettre les compteurs à zéro en finale, les deux épreuves qualificatives pourraient peut-être être prises en compte, avec des coefficients, pour vraiment être dans cet aspect championnat, et que chaque épreuve compte.” Pascal Cadiou indique ainsi que certains petits réglages pourraient être initiés pour encore améliorer le format de ce trophée.

Malgré quelques petits réglages au niveau réglementaire, le président du stud-book Selle Français, Pascal Cadiou, est revenu de Valkenswaard très enthousiaste. Ph. Coll

Sur les résultats du stud-book tricolore, le président se dit un peu déçu. “Forcément, après notre bon départ sur les deux premières qualificatives, on pouvait espérer faire mieux“, pointe-t-il. “Nous étions en tête des 7 ans, deuxièmes chez les 5 ans, bien chez les 8 ans également… Alors, évidemment, on aurait aimé ramener plus de médailles. Mais, malgré tout, cela a été une bonne expérience et je pense que cet événement devrait se pérenniser parce qu’il nous permet de mettre en place des choses et un système que l’on initie pas ailleurs. D’une part, dans la formation des chevaux, c’est très bien : les couples ont pu adopter un vrai bon galop, sur une belle piste en herbe, et se mettre vraiment en condition de compétition. Pour des chevaux encore un peu verts, c’est une expérience riche et formatrice. Nous sommes contents de l’émulation qui s’est créée autour de la compétition, et de l’enthousiasme des personnes qui nous ont suivis dans cette aventure. Vous savez, quand je voyais au paddock Jean-Maurice Bonneau, Franck Schillewaert, Eric Levallois et Frédéric David échanger sur l’échauffement et les caractéristiques des chevaux engagés, je me disais que nous avions une belle équipe de professionnels, dont l’objectif commun était que la compétition se passe au mieux.

Quand je voyais au paddock Jean-Maurice Bonneau, Franck Schillewaert, Eric Levallois et Frédéric David échanger sur l’échauffement et les caractéristiques des chevaux engagés, je me disais que nous avions une belle équipe de professionnels, dont l’objectif commun était que la compétition se passe au mieux

Pascal Cadiou

“Franck Schillewaert, le sélectionneur, s’est mis à la disposition de chacun. Il y a eu beaucoup d’échanges durant le week-end entre les différents acteurs, et c’était aussi ça l’objectif de ce week-end : créer un esprit d’équipe, une effervescence. Et je pense que nous avons réussi.” Ainsi, Pascal Cadiou pense déjà à 2024. “Il faut que cette compétition devienne un objectif et qu’elle s’inscrive dans nos calendriers de formation et de valorisation“, poursuit le président. “Il faut que l’on maintienne les efforts de communication autour de cet événement, surtout que, désormais, on le connaît et on sait comment ça se passe, les qualités d’accueil et de pratique…” L’année prochaine, le trophée des stud-books aura lieu une semaine avant la finale de la Coupe des nations de Barcelone, ce qui, selon le président, lui donnera davantage de visibilité et permettra à plus de monde d’être sur place. “Je pense que les organisateurs vont débriefer des améliorations à y apporter. Et je suis convaincu que cela va devenir un événement phare dans les années à venir. Beaucoup de personnes ont regardé les épreuves depuis Internet, et je sais que certains propriétaires ont eu des touches pour leurs chevaux. Certains ont même été essayés à l’issue de la compétition. En termes de commerce, un événement comme celui-là ne peut que fonctionner…Il y a en tout cas, je pense, une volonté commune de pérenniser ce championnat, de la part de la WBFSH, de Jan Tops et des stud-books. Et nous, nous continuerons bien sûr d’être de la partie !

Crédit photo à la une: Jorge Cunha