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L’Expérience

Yves-Marie Vandamme : “Que le Mondial du Lion puisse profiter à l’ensemble de la filière”

Emilie Dupont 19 octobre 2023

Top départ ce jeudi pour la trente-neuvième édition du Mondial du Lion ! Une édition placée, entre autres, sous le signe de la nouveauté : nouveau président, nouvelles infrastructures, nouvel obstacle, nouvelles épreuves… Yves-Marie Vandamme, désormais à la tête de cet événement devenu incontournable, détaille la liste des changements mis en place pour cette édition 2023 et livre ses ambitions pour la suite.

Vous êtes président du Mondial du Lion depuis peu. Quel a été votre parcours auparavant et pourquoi avoir fait le choix de prendre la tête d’un tel événement ?

La vie est pleine de surprises. Si vous m’aviez demandé, il y a encore quelques mois, si je me voyais à la tête du Mondial du Lion, je vous aurais sûrement répondu que l’idée ne m’avait jamais effleuré l’esprit. Il s’agit d’une sorte de concours de circonstances. Je suis cavalier et passionné de chevaux, mais avant tout médecin infectiologue au CHU d’Angers. Il y a dix ans, j’avais été sollicité pour être médecin durant le Mondial du Lion. Quelque temps plus tard, M. Fouché, l’ancien président, m’a demandé si je voulais intégrer le conseil d’administration de l’association du Lion équestre, qui organise l’événement. En 2016, j’ai donc intégré l’équipe. Et puis, il y a quelques mois, Jean-François Arthuis a pris la décision, pour des raisons personnelles, de mettre un terme à son mandat. Il m’a sollicité pour prendre sa suite avec Sophie Cellier, la directrice technique. J’étais honoré d’une telle demande mais n’étais pas du tout préparé à devenir président du Mondial du Lion. D’une part, parce que je ne pensais pas que Jean-François Arthuis allait partir, et d’autre part, parce que je ne pensais pas que l’on allait me solliciter moi pour devenir le nouveau président. C’est un honneur mais également un saut un peu brutal dans le grand bain. Auparavant, je gérais tout ce qui était lié à l’aspect médical au Mondial et pas du tout le reste. Évidemment, ce poste m’a permis de suivre un peu tout ce qui se passait sur et autour de l’évènement, de rencontrer certaines personnes et de m’ouvrir de nouveaux horizons, mais pas assez larges pour remplir les missions d’un président. Aujourd’hui, je suis un peu comme un enfant à qui on a mis une cuillère en argent dans la bouche, je suis très heureux mais également très appliqué à ne pas la rayer. J’essaie de prendre du recul, de m’imprégner au maximum de l’événement, de rencontrer tous ses acteurs, etc. Je veux rester humble. 

Avec cette prise de poste au sein de l’association du Lion équestre et du Mondial du Lion, continuez-vous votre activité de médecin au CHU d’Angers ?

Tout à fait. Cela me faisait d’ailleurs un peu peur, notamment en sachant que les deux derniers présidents étaient jeunes retraités et avaient donc un peu plus de temps à consacrer à l’association et à l’événement. Pour ma part, je travaille toujours à plein temps à l’hôpital d’Angers, où je suis très sollicité. Cependant, il faut savoir que l’organisation du Mondial du Lion repose sur l’association du Lion équestre, qui est épaulée par le Groupe d’intérêt public (GIP), dont les équipes apportent une expertise et un investissement aussi importants que nécessaires. Ce sont d’ailleurs la présence et la qualité de ces équipes qui m’ont convaincu de prendre le poste de président. 

“Je ne veux pas que nous perdions ce niveau d’excellence que les cavaliers soulignent chaque année.”

Quelles sont vos ambitions pour le Mondial du Lion, qui a récemment été choisi pour accueillir les championnats du monde jeunes chevaux de complet jusqu’en 2027 ? Qu’aimeriez-vous changer, conserver ou développer ?

Ma première ambition était de faire aussi bien que lors des éditions précédentes sur le plan sportif. Je ne veux pas que nous perdions ce niveau d’excellence que les cavaliers soulignent chaque année. Ils adorent le site et leur appui a d’ailleurs été très important au moment de l’attribution de l’organisation des championnats du monde jeunes chevaux jusqu’en 2027. Il y a donc cet aspect sportif, mais également tous les enjeux qui concernent les chevaux et qui sont également une priorité pour moi. À l’époque à laquelle nous vivons, on ne peut pas être indifférent à ces enjeux sociétaux, environnementaux et ceux liés au bien-être des chevaux. Notre filière est directement et pleinement concernée par tout cela. Je tiens donc à développer notre engagement sur tous ces points. Du point de vue environnemental, nous avons par exemple une charte de quinze engagements avec le Ministère de la jeunesse. Nous avons également le label Equures, et avons d’ailleurs atteint le plus haut niveau d’exigence de ce dernier. Durant l’événement, depuis plusieurs années déjà, plusieurs actions en faveur du tri des déchets ont été entreprises. Aujourd’hui, nous sommes d’ailleurs à 50% de déchets recyclés contre 17% en 2018, et avons également réussi à réduire le tonnage global des déchets. Ce sont de petites choses mais qui ont un réel impact. Nous menons évidemment aussi des actions en faveur du bien-être des chevaux, mais à mon sens, nous pouvons faire encore mieux à ce sujet. Pour cela, cette année, nous allons mener une enquête auprès des cavaliers en leur demandant ce qu’ils ont pensé de l’accueil des chevaux sur le concours, si le confort a été suffisant, s’il y a eu des blessures, s’ils ont identifié des situations à risque qu’il faudrait que nous corrigions, etc. C’est quelque chose que nous n’avons jamais fait auparavant mais je pense qu’il est très important de communiquer avec eux car ce sont eux qui vont nous dire ce qu’il faut changer ou non. Cette enquête a été mise en place à l’initiative de Doug Carlile, le père de Thomas, qui est un grand connaisseur des chevaux. 

“Nous avons vraiment essayé de tout penser en fonction du bien-être et du confort des chevaux.”

Le Mondial du Lion célèbre cette année sa 39e édition. Quelles sont les nouveautés ?

Parmi les nouveautés de cette année, se trouvent les nouveaux boxes. Les anciens n’étaient pas si mal mais étaient trop fermés, ce qui ne permettait par exemple pas à la poussière de bien s’évacuer. Les nouveaux sont spacieux, bien aérés, etc. Nous avons également fait le choix de ne pas y mettre d’abreuvoir automatique pour que les cavaliers et leurs grooms puissent gérer et contrôler eux-mêmes l’eau que boivent leurs chevaux. Nous avons vraiment essayé de tout penser en fonction du bien-être et du confort des chevaux. J’ai hâte de savoir ce que les cavaliers et leurs équipes en ont pensé à travers l’enquête qui leur sera diffusée. 

Les boxes du Mondial du Lion ont fait peau neuve en 2023. Ph. Coll./Mondial du Lion.

Le cross a également été pourvu d’un tout nouvel obstacle…

En effet. Il y a deux ans, le pôle sport de l’organisation a reçu une proposition du lycée professionnel Gaston Lesnard de Laval, et plus précisément de la section “charpente” de ce dernier. L’équipe et les élèves ont travaillé sur le projet d’un nouvel obstacle pour le cross du Mondial du Lion, en étant notamment épaulés par l’ancien menuisier des Haras nationaux et le chef de piste. Le résultat est vraiment très sympa. L’obstacle est à l’effigie des clochers de la région angevine et est vraiment très majestueux. 

En 2023, le cross du Mondial du Lion se pare d’un nouvel obstacle, conçu par les élèves du lycée Gaston Lesnard. Ph. Coll./Mondial du Lion.

“Avec les championnats du monde, les Espoirs du complet et les Jeunes talents SHF, le Mondial du Lion s’inscrit encore plus comme un rendez-vous incontournable du jeune cheval de complet.”

Cette année, le Mondial du Lion accueille également une nouvelle compétition : les Jeunes talents SHF. Pouvez-vous nous en dire un peu plus à ce sujet ?

L’idée est, tout comme pour les Espoirs du complet, de mettre en avant et de soutenir l’élevage et les chevaux de cette discipline. Le Mondial du Lion est une superbe vitrine pour ces chevaux, leurs éleveurs, le savoir-faire français, etc. Il me tient à cœur de montrer ce que nous faisons en France et proposer à quelques-uns des meilleurs jeunes chevaux de la dernière édition de la Grande semaine de Pompadour était selon moi une bonne façon de le faire. Je pense que ce nouveau rendez-vous va beaucoup plaire à la fois aux cavaliers, aux éleveurs, aux propriétaires et au public. Depuis plusieurs années, nous avons de très bons retours sur les événements réservés aux “très jeunes chevaux” et je pense que celui-ci suivra la même voie. Il y a également, à travers ça, un intérêt économique et j’ai d’ailleurs croisé tout à l’heure un couple de Britanniques venus pour voir les jeunes chevaux français. Le Mondial du Lion est un rendez-vous international, où il y a du commerce, et est une belle vitrine pour l’élevage français. Je souhaite d’ailleurs que nous fassions tout pour développer cela, optimiser au mieux le fait que nous ayons un tel événement en France pour en faire bénéficier l’ensemble de la filière. Il ne faut pas se priver d’aller encore plus loin. Avec les championnats du monde, les Espoirs du complet et les Jeunes talents SHF, le Mondial du Lion s’inscrit encore plus comme un rendez-vous incontournable du jeune cheval de complet.

Crédit photo à la une: E.D